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dimanche, 13 juin 2010
Une époque formidable
Quand j'étais gosse, je faisais du ballon sauteur (le mien était orange avec des cornes de démon), je regardais le Téléchat et j'adorais Pollux du Manège Enchanté. J'écrivais mon prénom en vermicelles sur le bord de l'assiette à soupe, je sautais sur mon lit. J'ai appris à siffler sur cette chanson que ma mère écoutait en vinyle.
Ca me faisait marrer de courir comme une dératée dans cette rue non loin de l'école et de sonner à toutes les portes. C'était la mode des colliers de bonbons et du pops rock, cette poudre qui crépitait sur la langue. Quand je revenais du catéchisme, je regardais Santa Barbara, Les Années Collège (hannnnn Joey et son chapeau !), Chips ; j'étais amoureuse de Mac Gyver et de Mike Seaver.
J'adorais l'odeur du mimosa en fleur, et cueillir des mûres dans le jardin de ma grand-mère. Je rigolais en voyant sa tortue qui arrivait ventre à terre pour manger une fois l'hibernation terminée ; elle l'appelait affectueusement « la Vieille ».
Le dimanche, on allait voir la construction de « la nouvelle maison ». Je ne sais pas si mon père a gardé tous les boulons et les vis que je lui avais ramassés dans le no man's land d'à côté.
Je me souviens de la sensation de mes pieds sur le sable de cette immense plage de Trouville où on jouait au volley au coucher du soleil. C'est peut-être à ce moment que j'ai commencé à ne plus aimer les jeux de cartes (je comprenais rien au Kem's).
C'était la mode des pendentifs tétine, des tshirts Waikiki et des salopettes en jean ; on mettait des trombones pour tenir nos ourlets. Le dimanche soir y'avait Maguy à la télé.
Dans le bus qui nous emmenait en Angleterre, on gueulait sur « Boyyyyyyyzzzz don't craïÏÏÏïÏÏÏÏïï » et on pogotait des cheveux sur « One step beyond » ; on s'échangeait les paquets de chips au vinaigre contre un sandwich dinde-mayo.
La mode était aux minijupes façon kilt avec des jambières. Certains se roulaient des pèles dans le parking derrière le collège où un clodo avait un jour lancé une bombe lacrymo.
J'attendais la récré pour mettre des buts depuis l'arrière au baby-foot. On écoutait des cassettes avec un walkman (Enter the sandman - Metallica). J'avais des jeans troués, un gilet vert comme Kurt aux MTV Unplugged et les cheveux violets. Et des Docs aux pieds, bien sûr.
On faisait des soirées d'anniv dans des maisons perdues dans la cambrousse ; chacun amenait ses CD 2 titres (sauf du Herbie Hancock), on se mettait minable en buvant des cimetières ; certains d'entre nous finissaient même par dormir dans des cartons.
J'en ai passé des soirées calée dans une chambre à jouer à Doom toute la nuit en fumant des buzz. On testait les endroits improbables pour faire l'amour (billard, lave-linge, congélateur, capot de voiture...).
Putain on a beau dire, c'était une époque formidable.
Je n'achète plus de CD depuis longtemps ; à présent je regarde ma montre quand je sors car si je bosse le lendemain c'est dur. Je continue à écouter du rock et à pogoter des cheveux ; j'aime l'odeur des églises et allumer un cierge bien que je ne crois pas en Dieu ; quelque part dans la maison de mes parents il doit encore y avoir la boîte à chaussures dans laquelle la tortue empaillée de ma grand-mère se trouve. J'aime toujours l'odeur du mimosa et manger des mûres ; j'ai conservé la salopette et certains jouets dans un coffre en osier.
Le temps passe... le temps passe...
Le futur s'écrit maintenant, et je n'ai qu'une envie, presque un besoin vital : créer autant de souvenirs insouciants et heureux que j'ai pu le faire auparavant.
19:05 Écrit par Anouchka dans Madeleine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : blabla de fille, confidences