Ca et le reste

Il y a peu de choses qui me choquent. Je suis une personne ouverte d'esprit, donc cela arrive très rarement. Quelques soient les sujets. L'exemple le plus récent qui me vienne en tête c'est SuperNanie me racontant qu'un gars l'avait branchée à la GayPride, qu'il était bien foutu et tout, mais surtout qu'il n'avait plus aucun attribut mâle dans sa culotte. Moi j'ai répondu par un « ah ouais ? » goguenard, car honnêtement si ça m'arrivait, je serai surprise et c'est tout.

Mais depuis vendredi dernier, je suis déstabilisée, déconcertée. Un de mes collègues bon esprit a posé sa dém’. On savait tous plus ou moins qu’il voulait partir, mais bon il avait une belle situation et tout… donc on ne pensait pas que ça arriverait soudainement.
C’est le genre de personne avec qui tu peux discuter, qui ne se prend pas au sérieux malgré les responsabilités et le « titre » qu’il a… c’est assez rare…

Je suis contente pour lui, son nouveau job est une réelle avancée dans sa carrière, sans parler du salaire mirobolant qui va aller avec. Et puis la vie est courte, à ce niveau-là je le rejoins totalement. C’est pas comme si du coup un autre collègue m’avait annoncé son départ prochain lui aussi *snowball effect*
Quand les rats quittent le navire, c'est que le navire prend l'eau... et ce n'est jamais bon signe pour la suite...

J’avais oublié à quel point l’ambiance pouvait être délétère dans la Bouatte.
Cela faisait quelques mois que le calme régnait globalement et c’était tant mieux. À présent il va y avoir de la réorganisation dans l’air : de pouvoir bicéphale (vive les cours d’IPA à Toulouse 1 !) on se retrouve avec un petit chefaillon de mes deux pèquenaud CSP++ qui se la joue. Il va y avoir un nouvel arrivant en septembre à gérer, des dossiers laissés en jachère, et ça laisse subodorer pas mal de tensions.
Déjà le nouveau gars d'chantier il m’a pas l’air très franc du collier : il regarde par en-dessous, il fait pas de blagues vaseuses (wtf ??) ; pis ça lui prend de temps en temps il te pose une question, tu y réponds, et là il te fait une grimace genre quand tu parles tu « gna-gna-gnises » ; c’est très bref et en looseday c’est juste n’importe quoi (non mais franchement, il a 6 ans ou quoi ???!)
Et puis quand tu sais que malgré les années d’ancienneté et la qualité de ton travail on essaye de te la jouer à l’envers sous prétexte qu’il y a eu « trahison », t’as l’impression d’être dans un univers parallèle.

N'empêche. J'ai eu une grosse boule dans la gorge. J'étais et surprise, et déconcertée, et dégoûtée au fond. J'ai eu l'impression immédiate que mes pieds étaient plongés dans de la glaise. On va pas faire les psy à deux balles, je sais pourquoi, je sais d'où ça vient etc. Même causes, mêmes effets, atténués certes mais réels pour autant.
C’est pas comme si ça m’avait rappelé que moi aussi il y a quelques temps de cela j’avais failli partir. Et que la mayonnaise n’avait pas pris au final.
Pas comme si j’avais déjà à encaisser ce que nous nommerons « le reste ».

Y’a des matins où tu as l’impression que toi aussi, tu vis le jour de la marmotte. Rien n’est ni tout à fait pareil, ni tout à fait différent. Un arrière-goût de « déjà vu ».

Et là sans cesse je repense à cette phrase que je disais souvent lycéenne : que faire de soi, con ?