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lundi, 25 juillet 2011
Le Carambar
Préambule
Quand j’avais 6 ou 7 ans, lors d’un été que je passais avec ma grand-mère à Banyuls, je l’accompagnai faire quelques courses à la superette ; alors que je l’aidais à empaqueter les achats, le patron m’offrit un Carambar.
Devant mon regard emprunt de stupéfaction, ma grand-mère me poussa rapidement vers la sortie en m’enjoignant de dire merci. Plus loin, elle m’expliqua ce qu’était ce petit bâtonnet bizarre. Le Carambar est aujourd'hui mon bonbon favori. Je n’ai jamais eu de carie de ma vie.
Ce qu’il faut retenir ? Ce n’est ni une belle romance ni une belle histoire, pas même un récit avec du légionnaire qui sent bon le sable chaud dedans. C’est un test.
Car passée la remise en question, le travail sur soi, le rééquilibrage intérieur, il était grand temps que je me remette dans le bain pour tourner définitivement une page écrite, griffonnée, raturée, corrigée.
Avant qu'il n'arrive, j'avais cette boule au ventre trahissant les « j’espère être à la hauteur » « j’espère que ça va bien se passer » « j’espère que ni lui ni moi ne seront déçus ». Il fit le tour du propriétaire, j’ouvris une bouteille de rosé que nous bûmes au 3/4 histoire de nous mettre à l’aise et de papoter.
Nous avons discuté pendant pas loin de 3 heures… de son enfance, de Secret Story, de cinéma, de psychothérapie, de mon amour des USA, son fils, de sport, de son travail… A chaque fois il avait une anecdote à me raconter, ça me faisait marrer. J’aurais bien aimé néanmoins qu’il s’intéresse un peu à ma vie, je veux dire, pas uniquement savoir si je sors beaucoup.
Physiquement ce n’est pas mon genre, et puis intellectuellement les gens tout blanc / tout noir me font peur, trop extrêmes, tout ou rien. Il a un avis tranché sur tout, et fatalement nous n’avons pas le même. La différence est toujours intéressante, dans le sens où si nous étions tous pareils et du même avis nous nous emmerderions drôlement. Mais avoir un minimum de points communs ça aide.
Bref, bien que j’avais envie de lui sauter dessus je n’arrivais pas à me résoudre à me rapprocher de lui, à avoir un geste tendre ; c’est horrible d’ailleurs cette sensation de ne pas savoir quoi / comment faire, parce que c’est nouveau, parce que l’Homme en face est différent, parce qu’il faut casser les habitudes, les réflexes, parce qu’il faut chercher en soi ce qui a été perverti, cassé. Oui, même s’il ne s’agit que de se blottir contre une épaule.
Finalement, tout s’accélère. Il sent bon le Carambar, il est peu rustre dans sa façon de faire, mes seins font de la figuration, c’est un poilu qui s’entretient, awww cette odeur de Carambar <3<3.
Je le pousse un peu à passer (enfin !) aux choses sérieuses, et ça, ça le bloque *totalement*. T’as envie de m’attraper sur un capot de voiture, puis tu te tapes 400 bornes pour qu’on s’envoie en l’air venir me voir et tu veux me faire croire que là maintenant t’as envie de douceur et de prendre ton temps ?!??? AH MAIS PUTAIN QUOI.
Bref, bon an mal an on reprend. Soudain il s’arrête et me stoppe net.
« J’y arrive pas », me dit-il. Period.
Grand moment de solitude qui semble durer de longues minutes, durant lesquelles bourdonnent à mon oreille un « je comprends pas » suivi d’un « j’ai fait un truc qu’il fallait pas ? » et surtout, un « Oh. Awkward ».
« … »
« C’est pas grave, c’est comme ça » répond-il froidement à mon silence gêné.
Il a l’air de drôlement s’en foutre me dis-je, les yeux écarquillés un point d’interrogation collé sur mon visage.
« … »
Putain il prend toute la place dans le lit.
Déjà qu’il s’est mis de MON côté.
Je sens que le week-end va être long…
Ah et bien sûr il ronfle.
Le Carambar dors en étoile, le Carambar n’est pas tendre, le Carambar est du matin, le Carambar ne se lève pas il s’éjecte du lit, le Carambar a envie d’un café et d’un plateau de fruits de mer. Pour ma part je suis en mode « Oh. Awkward » ; 10 ans que j’habite cette région, que je commence à connaître, mais là, je me retrouve désemparée, je ne sais pas où l’emmener. Le Carambar est difficile, Le Carambar est exigeant, et moi j’en sais foutrement rien de ce qui peut lui plaire ou pas – cf. mon cul.
Nous voilà donc partis en direction d’un petit village d’irréductibles où je réussis à trouver une place, ce qui, en période estivale, est un tour de force. Nous faisons une promenade avant d’aller manger, Saint Jacques et Palette, et je prends un magnifique coup de soleil – marque du top included.
Il en a rien à carrer de ma couleur écrevisse. Le Carambar aime faire la sieste. Pour ma part je préfère la sieste crapuleuse. Ah bé dommage.
Nous faisons un tour dans le parc, il s’allonge sur un banc ne me laissant d’autre choix que de m’asseoir sur celui lui faisant face. Aucun problème, je suis à l’aise en toutes circonstances, je prends mon air le plus détaché, il fait beau, il fait bon, je profite du moment.
5 minutes plus tard, « Oh. Awkward » se transforme en un running-gag qui a pour conséquence cette réflexion lancinante à mon esprit : « Bon. Au secours. Vivement que ça passe. Vite ». Je regarde mon portable toutes les 5 minutes ; j’écoute le bruit du vent dans les branches des arbres, je regarde le caniche qui se promène, le groupe de djeuns qui parle fort… et mon portable qui ne sonne pas, con de toi.
Le Carambar se redresse et s’éjecte du banc – entre temps j’ai réussi à négocier qu’il me fasse une place sur ledit banc, bonjour mes cuisses sont un pillow pour ta tête laule.
Etant donné la « Oh. Awkward » situation, quoi qu’il souhaite faire on fait. Il me semble qu’il a autant envie que moi de tuer le temps. On échoue donc au cinéma. Ça tombe bien, je veux voir Transformers 3. Bien entendu il kiffe la blondasse duckface (qui bénéficie d’un mauvais montage à la faveur duquel elle porte un coup des Louboutin un coup des ballerines) alors que je kiffe la Chevy Impala. Diamétralement opposés je vous dit.
Je me pomponne juste ce qu’il faut pour le resto. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Pas un seul compliment, pas un seul geste tendre, le solitaire qui s’est fait tout seul ne fait aucune remarque d’aucune sorte sur… rien.
Cette fois, on prend sa voiture. Je prends un putain de méga pied à 180 sur l’autoroute !!! Wok de thon aux petits légumes / vin blanc, on parle Thaïlande et Egypte, je suis intarissable. La discussion débouche sur les relations hommes / femmes, j’ai l’impression de parler dans le vide puisque seul son avis semble compter – bien qu’il écoute ce que j’ai à dire, ce qui est normal déjà pas mal.
Grand moment de lol lorsqu’il me dit que j’ai l’air d’en vouloir pas mal à mon ex. Il ne peut pas être plus éloigné de la situation, tant je ne suis ni rancunière, ni vindicative. A moins qu’il ne prêche le faux pour connaître le vrai, mais de toute façon on s’en fout puisqu’on ne se connaît pas.
Contre toute attente la fin de soirée se déroule bien voire très bien, PNC aux portes, armement des toboggans, décollage, vol et atterrissage réussis.
Sinon ? Sinon vous saurez que l’équivalent du Régis français se prénomme Nigel en Australie et Simon en Grande-Bretagne.
Pour ma part, mission accomplie, test réussi, page tournée sans aucune difficulté, sans aucun pincement de cœur, bien au contraire.
Ça me ferait plaisir de le revoir.
Il a oublié son dentifrice et a laissé un peu de son odeur de Carambar sur l’oreiller.
21:37 Écrit par Anouchka dans Sous la Couette | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : blabla de fille, confidences, smile